Dans le cadre de la lutte contre l’érosion des sols et la prévention des coulées de boues pour la protection des sols agricoles et la préservation du récif frangeant de la commune de Saint-Leu, le Maire de la Ville, Bruno Domen, le Préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, le Président du Département, Cyril Melchior, le Vice-Président du TCO, Jean-Bernard Monier ont signé une convention de partenariat.
Le souvenir du passage de Berguitta et de Fakir
Chacun se souvient de cette année 2018, du passage de deux météores, Berguitta et Fakir et surtout des traces laissées sur le paysage saint-leusien : maisons éventrées par la boue, routes emportées, lagon dénaturé. Le moment fut particulièrement difficile.
S’agissant particulièrement de l’impact sur le lagon déjà fragilisé, le coup aura été presque fatal. À la suite de ces épisodes, les acteurs avec la Ville se sont mobilisés pour reconstruire et surtout prévenir les conséquences d’évènements climatiques extrêmes mais de plus en plus courant.
À l’Hôtel des Postes de Saint-Leu, ce jeudi 29 juin, se sont réunis l’ensemble des partenaires mobilisés depuis des années sur le sujet.
Le Maire de Saint-Leu, Bruno Domen est revenu sur les dégâts importants de 2018. A travers un travail partenarial et après avoir répondu aux urgences, l’enjeu était de bâtir un plan d’actions sur le long terme.
Plusieurs études ont été menées dans le but de dresser un état des lieux, de poser un diagnostic et d’envisager les solutions pour remédier aux problèmes.
La gestion des eaux pluviales issues du bassin versant de la Ravine du Cap est un enjeu majeur. Il comprend les problématiques suivantes : la lutte contre l’érosion, la préservation des sols agricoles et celle du récif.
A travers cette convention, l’engagement de la commune porte sur la gestion et l’entretien des voiries communales afin de maintenir la fonctionnalité des passages d’eau et exutoires pluviaux notamment : au-dessus de la RD3, chemin de la Source (en partie), chemin de la Découverte, chemin Pente Maingard ; entre la RD3 et la RD13 ; entre la RD13 et le littoral, sur le chemin Cap le Lièvre.
Le premier magistrat a remercié l’ensemble des partenaires pour ce travail en particulier mais aussi les efforts collectifs au service de projets structurants et durables à Saint-Leu. En somme, le Maire a évoqué l’important travail de sensibilisation réalisé notamment auprès des plus jeunes autour de la protection de l’environnement : aires marine et terrestres éducatives, projet PAREO, …
Une démarche partenariale exemplaire
Le Président du Département, Cyril Melchior a souligné sa volonté d’accompagner Saint-Leu dans une meilleure protection du lagon. Déjà sur site au lendemain des intempéries de 2018, le Président du Département s’est dit préoccupé par les enjeux écologiques et environnementaux. Le Département y travaille aussi avec le Plan stratégique Agri péi 2030, pour produire plus et mieux, en gardant en tête l’objectif de renforcer la souveraineté alimentaire. Les principes d’aménagement qui doivent évoluer doivent aussi être accompagnés et le Président d’assurer le soutien du Département via la mobilisation de la nouvelle programmation européenne FEADER pour la période 2023-2027.
Le Vice-président du TCO, Jean-Bernard Monier a rappelé le projet stratégique porté par le TCO et sa volonté de travailler à la fois de façon transversale et convergente dans le but de faire de l’ouest, un territoire résilient. Intervenant à travers la GEMAPI, le Vice-président a affirmé la volonté du TCO de prendre sa part et de toujours agir en faveur du territoire et de la protection de la population.
Dans son allocution, le Préfet de La Réunion, Jérôme Filippini a considéré ce moment important à la fois car il porte l’attention sur les menaces qui pèsent sur les lagons à La Réunion mais aussi car il traduit une démarche partenariale exemplaire.
Un plan d’actions défini et des moyens attendus
Si les constats posés sur l’état du récif coralien sont préoccupants voire très préoccupants par endroit, le Préfet de La Réunion a aussi insister sur la possibilité d’éviter ces désastres environnementaux. C’est l’enjeu du plan d’actions qui se met en place à Saint-Leu et qui peut servir d’exemple ailleurs.
Le représentant de l’État à La Réunion a insisté sur la nécessité d’intégrer le risque érosif dans l’aménagement et d’accompagner les agriculteurs. Pour se faire, des dispositifs novateurs se mettent en place notamment au Plate avec l’intervention sur le terrain et depuis des années, de l’AD2R.
Le Préfet a rappelé les moyens financiers qui peuvent être mobilisés, notamment le fonds vert doté de 22,7 millions d’euros d’année. La Préfecture a aussi indiqué travailler à une évolution réglementaire avec la prise d’un arrêté de lutte contre l’érosion dans les mois qui viennent.
C’est donc une étape supplémentaire franchie ce matin, avec l’engagement contractuel de la Ville, de l’État, du Département et du TCO. Il n’en demeure pas moins que l’ampleur du travail à réaliser nécessitera encore un long chemin ensemble.
Du côté de la Chambre d’agriculture représentée ce matin, le souvenir douloureux des impacts dévastateurs de 2018 est encore bien présent. Les solutions évoquées après les différentes réunions et études portent sur différents plans : la re végétalisation partielle des parcelles maraîchères, la mise en place de haies sur les champs de canne, l’évacuation des eaux pluviales. De grandes évolutions pour lesquelles les orateurs dont la Chambre d’agriculture ont insisté sur la nécessité d’accompagner les différents acteurs.
La santé préoccupante des récifs mais des espoirs permis
La Réserve Marine était également présente ce jeudi matin. Aux côtés des services de la DEAL et de la DAAF, une présentation a été fait de l’état de santé des récifs coralliens, de leur évolution depuis 2007. Le constat posé est celui d’un effet d’emballement avec : une perte de recouvrement corallien et de sa diversité ; une perte d’habitats pour les poissons ; une augmentation de la couverture algale qui vient en concurrence avec les coraux ; une démultiplication des pressions. Tout cela entraîne mécaniquement, un déséquilibre du système.
Néanmoins, l’existence de quelques zones de résiliences sont porteuses d’espoir et sont de nature à encourager tout à un chacun à agir pour la protection de notre littoral et de nos récifs coralliens.